COVID-19: des masques inclusifs pour aider les personnes malentendantes ou autistes
Depuis le début de la crise de la COVID-19 qui sévit partout dans le monde, la fabrication de masques a explosé partout. Cet accessoire de protection qui n’était pas ancré dans nos habitudes sociales occidentales est devenu très recherché. Mais quiconque n’a pas de handicap auditif pourrait oublier un « détail »… le fait de masquer nos bouches empêche les personnes malentendantes de lire sur nos lèvres…
Dans plusieurs, pays, des gens se sont penchés sur cette problématique afin de trouver des solutions.
C’est le cas d’Ashley Lawrence, 21 ans, étudiante à l’université du Kentucky. La jeune gemme désire devenir éducatrice pour les personnes sourdes et malentendantes. C’est en voyant les gens porter des masques à la télévision qu’elle réalise que le fait de se cacher le visage peut freiner la communication avec les personnes qui n’entendent pas, ou peu.
« Les expressions faciales sont très importantes pour la langue des signes, cela fait partie de la grammaire. Si vous avez déjà observé des traducteurs à la télévision, vous avez sans doute remarqué qu’ils partagent beaucoup d’émotions avec leur visage. Si vous enlevez cette particularité, c’est comme si vous enlevez la moitié du message », a-t-elle déclaré au média américain Fox47.
Sans oublier que plusieurs personnes sourdes ou malentendantes apprennent à lire sur les lèvres. C’est pourquoi Ashley a eu l’idée de masques sanitaires transparents.
Après en avoir discuté avec sa mère, Ashley et elles se sont mises au travail et on crée les prototypes de leurs masques. Lesdits accessoires intègrent une visière en plastique, qui rend la bouche visible.
« Nous avons commencé à les fabriquer avec des draps de lit que nous avions. Et heureusement, les draps sont grands donc on peut en produire un certain nombre d’exemplaires. Il y a quelques mois, nous avions acheté un rouleau de plastique qu’on utilise désormais pour confectionner la partie transparente des masques », a expliqué Ashley aux médias.
La jeune femme a partagé sa création sur Facebook et son message est devenu rapidement viral. En quelques jours seulement, l’étudiante avait reçu des dizaines de commandes de 6 états américains différents.
Ce qui est touchant dans cette histoire, en plus du désir de faciliter la compréhension e la communication chez les personnes sourdes ou malentendantes, c’est que l’initiative d’Ashley n’a aucun intérêt pécuniaire. La jeune femme et sa famille ne vendent pas leurs masques, ils les donnent. « Nous les envoyons gratuitement à chaque fois que des gens nous le demandent. Et si on commence à avoir des demandes à l’étranger, alors on facturera peut-être les frais de port. À part ça, ils sont gratuits », a expliqué l’initiatrice de ce généreux projet.
Une autre jeune femme, cette fois de Toulouse, en France, a elle aussi réfléchi à la transparence des masques, toujours dans l’optique de faciliter la compréhension des expressions faciales pour les personnes malentendantes. Anissa, 30 ans, désire développer un masque inclusif permettant de voir la bouche de la personne qui le porte afin de permettre la lecture labiale.
Il faut dire qu’Anissa doit elle même composer avec des difficultés auditives.
« Je souffre d’une surdité moyenne bilatérale, après avoir souffert d’otites à répétition quand j’étais petite, explique la jeune femme. Je suis appareillée depuis l’âge de six ans. Quand une personne se trouve assez loin de moi, ce n’est pas évident, il faut que je tende vraiment l’oreille. Mon regard se pose sur ses lèvres », a-t-elle expliqué.
C’est en allant dans une pharmacie que la jeune femme a été convaincue de la pertinence de son idée. Il était difficile pour elle de parler avec les employés portant un masque opaque tout en respectant les règles de distanciation.
« J’ai été un peu sonnée par cette expérience. Et comme je pense que les masques vont faire partie de notre vie pendant longtemps… », a-t-elle confié.
Anissa est créatrice de maroquinerie à son compte et elle a fabriqué son premier modèle de masque, en s’inspirant du site de l’Afnor [l’organisation officielle responsable des normes en France]. Elle a utilisé du coton et de l’acétate, pour la partie transparente.
La Toulousaine précise qu’il s’agit d’un prototype à perfectionner. Elle désire que son produit soit aux normes et faire appel à une entreprise de fabrication de masques pour ensuite lancer la production.
« Avec un industriel toulousain, nous travaillons intensément sur un prototype, précise Anissa. Ce masque s’adresse avant tout aux personnes en contact avec du public sourd (NDLR : familles, professionnel…). J’ai reçu beaucoup de demandes des orthophonistes, des audioprothésistes ou de professionnels de la petite enfance inquiets de la réaction des enfants face à un masque. Cela permet de voir un sourire, une expression rassurante », a-t-elle raconté.
Pour y parvenir, elle a lancé une campagne participative sur le site GoFundMe. Mentionnons que son initiative ne s’adresse pas seulement aux personnes sourdes et malentendantes. Car pour tout le monde, ce genre de masque « permet de voir un sourire, une expression de visage rassurante et bienveillante ». En cette période difficile, ce n’est vraiment pas un luxe!
Sans oublier que ces masques peuvent aplanir certaines difficultés de compréhension chez les personnes vivant dans le spectre de l’autisme. Déjà en temps normal, les expressions faciales peuvent être très difficiles à décoder pour les personnes autistes. Avec un masque qui cache la moitié du visage de l’interlocuteur, les choses se corsent…
En Belgique, l’Institut royal des Sourds et Muets, à Woluwe-Saint-Pierre, réalise des masques de protection avec une partie transparente au niveau de la bouche, pour permettre aux accompagnateurs de personnes avec des problèmes d’audition ou de personnes autistes de mieux se faire comprendre.
Wendy, qui réalise ces masques spéciaux à l’Institut royal des Muets et Sourds, a trouvé le patron sur Internet et l’a réadapté. Ce patron a été validé par le comité d’experts belges sur le coronavirus, et va bientôt être diffusé sur le site faitesvotremasquebuccal.be pour permettre à tout le monde de réaliser un masque transparent à la maison
Au Québec, Crea-ture c’est aussi lancée dans la confection de masques de ce genre. On peut les retrouver ici pour un coût de 25$.
Source: 20 minutes.fr/Creapills/vivreici.be · Crédit Photo: Facebook