Hella Kherief : la descente aux enfers
Avant que la situation de l’aide-soignante ne devienne insoutenable, Hella Kherief vivait une relation idyllique avec son choix de carrière où elle a rapidement accédé au sésame tant envié de CDI. Mais la femme déchante rapidement puisqu’à l’arrivée de la nouvelle directrice, le ton est donné : elle allait devoir se relayer à ses nombreux collègues en arrêt maladie. « Pour pallier le manque d’effectif, je ne lave que les parties intimes des résidents […] Je suis en train de maltraiter ces personnes mais j’ai du mal à le reconnaître. Nous avons un quota de 3 couches par jour » déplore la femme qui a embrassé ce métier avec passion.
Lancer l’alerte
Après cette expérience, Hella dénonce. Elle décide de pointer du doigt cette situation qui ternit la réputation de ces centres dédiés au bien-être des personnes âgées et dépendantes et de ne plus céder à la tyrannie du silence. « Au début, j’ai pleuré et commencé à regretter. Je me suis dit que j’aurais mieux fait de rester tranquille, comme tout le monde et me taire. Puis je me suis dit qu’il fallait le faire. […] Le public ne sait pas qu’on laisse baigner les gens dans leur merde pendant cinq ou six heures sans aucune humanité » a-t-elle confié à 20 minutes dans une tribune lui étant dédiée. Puis d’ajouter avec regret : « J’ai écrit un livre il y a quelques mois et j’ai adressé un courrier à la ministre de la Santé. [ndlr : Agnès Buzyn] . Sa réponse : une lettre de son cabinet m’indique qu’elle n’a pas le temps. » Depuis ces sollicitations par les médias, Hella Kherief peine à trouver un CDI et bénéficie du soutien de la CGT pour assurer des vacations en milieu hospitalier.