En Indonésie, les violeurs et les pédophiles risquent la castration chimique ou la mort
Une loi autorisant à condamner les délinquants sexuels à la castration chimique ou à la mort vient d’être adoptée par le gouvernement indonésien. Une mesure très contestée, que ce soit au sein du Parlement, du corps médical ou par les organisations de défense des droits de l’Homme.
Une mesure radicale qui n’est pas du goût de tous vient d’être officiellement adoptée en Indonésie. En réponse au viol collectif et au meurtre d’une adolescente de 14 ans dans l’ouest de l’île de Sumatra par un groupe de jeunes hommes âgés de 16 à 23 ans, drame qui avait secoué le pays tout entier et lancé des appels à un renforcement de la législation de la part de la population, le Président Joko Widodo avait annoncé un projet d’amendement de la loi relative à la protection des mineurs autorisant la castration chimique et la peine de mort pour les délinquants sexuels et les pédophiles. Celui-ci a été soumis au vote du Parlement et, après des mois de débat intense, a obtenu la majorité il y a quelques jours. Le texte, ou plutôt les punitions qu’il impose désormais, continuent toutefois de diviser.
Tandis que deux partis d’opposition ont maintenu leur position en votant contre, l’Ordre des médecins indonésiens a d’ores et déjà annoncé que ses membres refuseraient d’administrer une castration comme sanction car cela allait à l’encontre de leur déontologie. La commission nationale pour les femmes d’Indonésie (NCW) a quant à elle fermement critiqué la loi et insiste sur le fait que cette procédure, déjà instaurée dans certains cas, n’a pas réduit le nombre se crimes sexuels sur mineurs, tout en regrettant que l’accent ne soit pas mis sur l’aide aux victimes.
De son côté, Amnesty International qui avait dénoncé dès le mois de mai un projet de loi allant à l’encontre des droits de l’Homme, a de nouveau fait savoir sa révolte suite à l’approbation du Parlement. « Il est difficile de décrire à quel point les violences sexuelles infligées à des mineurs sont horribles. Mais faire subir aux auteurs de ces abus une castration chimique forcée ou une exécution ne rend pas justice, cela ne fait qu’ajouter un acte cruel à un autre« , a déclaré Papang Hidayat, spécialiste de l’Indonésie à l’ONG. « Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, quels que soient la méthode d’exécution ou le crime pour lequel elle est imposée, et estime qu’aucun élément crédible ne prouve que ce châtiment a un effet plus dissuasif que les autres« , poursuit sur son site l’organisation.
La castration chimique consiste à injecter des hormones féminines dans l’organisme des hommes afin de taire leurs « pulsions sexuelles ». Cette pratique pourrait être maintenue dans les deux ans qui suivent la libération des pédophiles concernés, c’est à dire, « toute personne qui commet des violences ou menace d’en commettre en vue de contraindre un mineur – une personne âgée de moins de 18 ans – à avoir des relations sexuelles avec elle ou avec une tierce personne, qui entraînent : plus d’une victime, des blessures graves, des troubles mentaux, des maladies infectieuses, la perte ou le mauvais fonctionnement de l’appareil reproducteur et/ou la mort de la victime. »
Ces derniers, d’après la nouvelle loi, écoperont obligatoirement d’une peine de 10 ans de prison. Le texte permet également aux juges de choisir entre la peine de mort et le port d’une balise électronique pour les délinquants sexuels, selon la gravité de leur crime.
En septembre, les 4 auteurs du viol collectif qui a motivé cet amendement polémique ont été condamnés à 20 ans de réclusion criminelle et l’homme considéré comme l’instigateur de l’attaque, celui qui a « convaincu les autres », a écopé de la peine de mort.
Source: aufeminin