Dans notre pays, cette molécule fait actuellement l’objet d’une surveillance de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Les résultats de son enquête devraient être connus prochainement, selon Nathalie Richard, responsable du département stupéfiants et psychotropes à l’Afssaps.Elle précise : « En 2010, nous avons recensé sept décès par overdose de tramadol chez des toxicomanes, alors qu’il n’y en avait pas jusqu’à 2007. »
Cela fait longtemps que la revue indépendante Prescrire tire la sonnette d’alarme à son sujet. Encore en janvier dernier, on pouvait y lire : « Une analyse des données de la base de pharmacovigilance suédoise a recensé 104 observations de dépendance au tramadol. (…)
Les troubles les plus rencontrés ont été des syndromes de sevrage, des usages abusifs, des augmentations de doses, etc. Pour plus de la moitié des notifications, les troubles ont été graves. » D’autres articles avaient auparavant dénoncé les risques d’hypoglycémie, les atteintes hépatiques, les risques de confusion accrus, voire les hoquets induits par ce médicament ainsi que les interactions avec d’autres traitements.L’intérêt accru pour le tramadol s’explique, en partie, par le retrait du Di-Antalvic qui avait efficacement combattu les douleurs de plusieurs générations de patients. Disponible en France depuis 1964 – et jusqu’en mars 2011 – sur prescription médicale, ce médicament (associant du paracétamol, antalgique, à un opiacé) et tous ses génériques ont été progressivement retirés du marché dans l’ensemble de l’Union européenne, à la suite d’une décision prise en juin 2009 par l’Agence européenne d’évaluation des médicamentsLes experts avaient jugé que le Di-Antalvic présentait une balance bénéfices-risques largement défavorable. Les patients se sont alors massivement mis à consommer du tramadol. Parfois à leurs risques et périls…