Prudence, répond la communauté scientifique
Des espoirs concernant la chloroquine se seraient répandus suite à la publication d’une étude chinoise en février, évoquant l’efficacité de la molécule suite à un test réalisé sur plus de 100 patiente, une piste “tombée aux oubliettes avant que l’équipe de Marseille ne livre ces résultats”, souligne au Parisien le Pr François Bricaire, ancien chef du service d’infectiologie de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
Toutefois, le gouvernement reste prudent, et les médecins aussi. Comme le précise Sibeth Ndiaye, “nous n’avons pas de preuve scientifique” que la chloroquine fonctionne. De nombreux experts sont également sur la réserve en raison du manque d’études plus approfondies et d’effets indésirables, “possiblement graves” en cas de surdosage de ce médicament.
Pour le Pr Jean-Daniel Lelièvre, infectiologue à l’hôpital Henri-Mondor, il est crucial de “respecter les règles scientifiques”. Cela signifie qu’il faut mener plus de recherches sur les effets d’un traitement avant d’annoncer ou de déclarer son efficacité sans équivoque. Les résultats doivent être constatés par d’autres scientifiques ou validés par des pairs avant de faire l’objet d’annonces définitives, puis d’ajouter “ Ce ne sont que des effets d’annonce pour l’instant, et n’en faisons surtout pas le médicament miracle”.
Le Pr Bricaire rejoint son avis en appelant à la prudence. Il rappelle également que la chloroquine est “ connue pour son action antivirale en laboratoire mais que, jusqu’à maintenant, cela n’a jamais donné de résultats sur l’homme en pratique”.
Des essais plus poussés sont donc nécessaires pour décider de l’efficacité de la chloroquine dans le cas du Covid-19. Pour l’heure, malgré l’annonce du Pr Raoult, les experts sont sur la réserve et ne se prononcent pas concernant ce traitement, dans l’attente de publications scientifiques et de recherches plus approfondies.