Les doudounes Moncler, à plus de 1000 euros plument les oies vivantes

La très connue marque Moncler est au cœur d’un scandale après la diffusion d’un reportage montrant la fabrication de doudounes en plumes d’oie, dans lequel on peut voir les oiseaux plumés à vif. 30 Millions d’Amis, qui lutte depuis de nombreuses années contre de telles méthodes, appelle les consommateurs à faire preuve de grande vigilance.

C’est une vidéo qui a été diffusée sur la chaîne italienne Rai 3 qui a relancé la polémique. Intitulé « Siamo tutti Oche » [« Nous sommes tous des oies », NDLR] et réalisé par la journaliste Sabrina Giannini, cette vidéo montre les conditions de plumage des oies pour la confection des doudounes de l’enseigne italienne – d’origine française – Moncler. Les images sont sans équivoque : on peut voir les oiseaux plumés vivants. Certains volatiles blessés sont recousus grossièrement à vif, puis recouverts d’antiseptique afin de diminuer les risques d’infection. Les oies déplumées tiennent à peine debout, leur démarche est chancelante, leurs souffrances ne font aucun doute. La scène a été filmée en Hongrie, bien loin des jolies boutiques Moncler de Gstaad (Suisse) ou d’Aspen (Etats-Unis).

Plumer les oies vivantes, une pratique fréquente en Hongrie

Face à ces images qui sont insoutenables, la chaîne enfonce le clou : « Le plumage des oies vivantes est fréquent en Hongrie, et ce reportage ne fait qu’exposer une pratique illégale et cruelle largement répandue dans la Communauté européenne » explique-t-elle sur son site. Et pour cause : le plumage des oies vivantes est, en dépit de la Convention européenne sur le bien-être animal du 22 décembre 1999 qui l’interdit, une pratique courante. « Cette méthode représente jusqu’à 80 % de la collecte mondiale de plumes et les six principaux producteurs sont européens, parmi lesquels la Hongrie, la Pologne et la France – concentrent à eux seuls, 93% de cette production » rappelle l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). « L’Union européenne est considérée comme le premier responsable de l’absence de contrôle et d’application des règles » poursuit Sabrina Giannini.

Le reportage se pose des questions sur les choix économiques de la marque qui préfère délocaliser la production en Europe de l’Est – et ainsi diminuer les coûts de fabrication- au lieu de garder ses unités de production en Italie et de contrôler plus facilement les conditions d’élevage. « En fabriquant ses doudounes pour un prix d’environ 40 euros et en les vendant en boutique à des prix situés entre 500 et 2 500 euros, Moncler réalise des marges considérables aux dépens du consommateur » précise le reportage. D’où son nom, « Nous sommes tous des oies » : comprendre « les clients sont pris pour des imbéciles » dénonce la chaîne.

ENQUÊTE DE LA FONDATION

Le président de Moncler, Remo Ruffini, a laconiquement réagi via un communiqué. « Nous n’avons rien à voir avec les fermiers et les compagnies qui travaillent de façon illégale et non acceptable ». Mais la vague de réactions indignées pourrait pousser le géant de la doudoune à prendre la polémique plus au sérieux. Au lendemain de la diffusion du documentaire, l’action baissait de 4,91 %, à 10,52 euros, indique le site du Monde.fr. Quant aux twittos, ils ont créé le hashtag #siaomotuttioche pour protester contre Moncler.

La Fondation 30 Millions d’Amis, qui a alerté consommateurs et pouvoirs publics dès 2009 sur le plumage des oies vivantes, appelle les consommateurs à la plus grande vigilance lors de leurs achats. D’autres marques, à l’instar de Burberry, se sont récemment fait épingler pour les conditions d’élevage des animaux à fourrure. Une pétition de la Fondation 30 Millions d’Amis est toujours en ligne.

Signer la pétition de 30 millions d’amis

 

Source : Sain et naturel

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