Le joint électronique est maintenant légal en France.

Le ministère de la Santé estime que les cigarettes électroniques au dérivé du cannabis CBD bénéficient d’une dérogation à la législation. Des contrôles vont néanmoins être lancés.

C’est un véritable coup de tonnerre… Alors que l’agence du médicament se positionnait clairement, mardi dans nos colonnes, sur l’interdiction de e-liquides au cannabidiol (CBD), une molécule du cannabis, en vente partout, le ministère de la Santé, lui, prend la position inverse. Selon lui, ce composant ajouté à certains liquides, carburant de la cigarette électronique, « apparaît comme légal ». Le ministère explique qu’il s’agit d’une dérogation à la législation.

En France, la détention, la fabrication, le transport de cannabis et de ses dérivés dont le CBD ne sont pas autorisés. Mais… la commercialisation de variétés de cannabis, dépourvues de propriétés stupéfiantes, peuvent l’être, ce qui est le cas du cannabidiol. En effet, le cannabis contient un cocktail de molécules. Contrairement à son principe actif le THC, le CBD joue sur la vigilance mais ne provoque pas d’effets de défonce. Le ministère met toutefois des conditions à cette utilisation. Ces produits qui connaissent un succès fulgurant depuis l’été, en ligne et dans les magasins de cigarettes électroniques, doivent être réservés exclusivement au vapotage. Obtenus par extraction, ils ne doivent pas contenir, non plus, une teneur en THC supérieure à 0,2%. Ce qui est déjà le cas selon les fabricants et les vendeurs.

Des contrôles mis en place

Enfin, les professionnels n’ont pas le droit de présenter le cannabis sous « un jour favorable », sinon ils peuvent être poursuivis. Le ministère a saisi l’Agence du médicament (ANSM) et la Répression des fraudes pour mettre en place des contrôles. Objectif : faire respecter ces conditions. Mais de nombreuses questions restent en suspens. Quels sont les effets du CBD ? Le ministère reste vague : « Ses effets psychoactifs sont encore mal connus, bien qu’on lui prête des effets sédatifs ». Dans les magasins électroniques, certains vendeurs présentent le CBD comme un anti-stress, utile aussi contre les douleurs et l’insomnie. Qu’en est-il vraiment ? La revue scientifique « Le Courrier des addictions » indique que dans le cadre d’expérimentations, il réduirait l’anxiété. Mais ces essais cliniques ne concernent pas les e-liquides. « Sous cette forme, rien n’est prouvé », rappelle la Mildeca, la mission interministerielle de lutte contre les drogues.

Ce n’est pas un substitut

D’autres vapotent aussi du CBD pour arrêter leur consommation de cannabis. Sur ce point, l’agence du médicament rappelle qu’il ne peut absolument pas être considéré comme un substitut. « C’est extrêmement grave, dangereux et archifaux », précise l’ANSM. Laurent Karila, psychiatre à l’hôpital Paul-Brousse, à Villejuif, spécialiste des addictions, reçoit certains de ces patients en consultation. « On sait que cette molécule a des propriétés tranquillisantes mais on ne peut pas la recommander, on n’a pas assez de recul médical », indique-t-il. Il se dit inquiet par l’apparition de ces produits à des dosages très variés, de 30 mg à 1000 mg.

10 % du chiffre d’affaires en quelques semaines

Selon Olivier, le responsable du Petit Fumeur, « Une personne qui vapoterait du 1000 mg pour la première fois se prendra une sacrée claque, je ne vous le cache pas ». Il le rappelle les boosters, en vente, ne doivent pas être considérés comme des e-liquides mais ils doivent être dilués. Profitant du flou juridique qui demeurait jusqu’à présent, ce marché du CBD est devenu une véritable manne financière. « Ces produits, commercialisés en septembre, représentent aujourd’hui près de 10% de notre chiffre d’affaires ». Et le site du Petit Fumeur compte bien en profiter. « Ah oui, autant que possible. Si je peux être numéro 1 sur le marché… ». Cdiscount, lui, a choisi de réagir : le site nous a annoncé mardi qu’il allait retirer de sa plateforme les produits au CBD « non-repérés » par leur robot. Celui-ci ne décèle que le mot « cannabis » et non « cannabidiol ». « Les vendeurs, qui ont mis en ligne ces fioles, seront bannis », précise, intransigeant, Cdiscount

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