En Chine, elle est connue sous le nom de “Batwoman”, en français : la “femme chauve-souris”. Et pour cause, Shi Zhengli, scientifique de renom, se distingue par ses travaux ciblés sur ces volatiles qui ont fait la une des médias depuis l’apparition de la Covid-19. Son intérêt pour ces animaux sauvages se poursuit depuis plus de 15 ans, ce qui lui a valu de nombreuses distinctions, dont celle d’être élevée au grade de chevalier de l’ordre des Palmes académiques en 2016. Directrice adjointe du laboratoire P4 à l’Institut de virologie de Wuhan, elle s’exprime au sujet de la pandémie dans une interview accordée au China Global Television Network (CGTN).

Shi Zhengli

Un appel à la coopération internationale

Pour la virologue dont l’entretien a été diffusé sur la télévision chinoise, les virus récemments découverts ne seraient que “la partie émergée de l’iceberg” si rien n’est mis en place pour prévenir de futures épidémies. “Si on souhaite empêcher l’humanité de souffrir d’une prochaine épidémie, nous devons agir en avance pour approfondir les recherches sur ces virus inconnus portés par des animaux sauvages et pouvoir lancer l’alerte à temps”, explique Shi Zhengli à CGTN.

Chauve Souris

Pour la “Batwoman”, la recherche sur les virus nécessite que les scientifiques ainsi que les différents gouvernements fassent preuve de transparence en favorisant la coopération. Selon Bloomberg, la scientifique déplore la politisation de la science.

Shi Zhengli 1

Qui est Shi Zhengli ?

Selon nos confrères du Monde, Shi Zhengli aurait passé en 2000 quelques années à l’université de Montpellier pour sa thèse. En 2005, la virologue surnommée “Batwoman” aurait identifié chez la chauve-souris deux coronavirus proches du virus à l’origine du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) ayant émergé en Chine en 2003. Depuis, elle a fait des coronavirus une spécialité. D’ailleurs, la femme n’hésiterait pas à se rendre dans les provinces éloignées, et plus particulièrement dans des grottes sombres et humides où elle doit porter une combinaison de protection, un masque ainsi que des bottes et se munir d’un grand filet qui lui permettra d’attraper les volatiles sans risque de contracter une infection.

Shi Zhengli 2

Ses recherches étant élaborées, Shi Zhengli doit travailler dans un laboratoire de sécurité de niveau P3. Mais elle est également directrice adjointe du laboratoire P4 à Wuhan. Ce dernier est utilisé pour les pathogènes dits de classe 4, à savoir des virus aux taux de mortalité et de contamination plus élevés, à l’instar d’Ebola.

Laboratoire

Les laboratoires de Wuhan au coeur des spéculations

Depuis le début de l’épidémie, Shi Zhengli s’interroge sans cesse sur les manipulations opérées en laboratoire. Interrogée par Jane Qiu, journaliste au mensuel Scientific American, elle révèle: “Cela m’a vraiment fait perdre la tête et empêché de fermer l’œil”. En effet, la virologue aurait repris ses études menées ces dernières années, inquiète à l’idée d’identifier des négligences qui valideraient la théorie d’une “fuite” provenant de son département, à savoir le Centre pour les maladies infectieuses de l’Institut de virologie de Wuhan. Mais la scientifique estime qu’il n’en est rien, malgré les réactions qui se sont multipliées sur la blogosphère chinoise.

Laboratoire Wuhan

Cette dernière confie à Jane Qui être déterminée à poursuivre son travail, en précisant une fois encore que ce qui a été découvert “ne serait que la partie émergée de l’iceberg”. La virologue compte mener un projet national pour relever systématiquement les échantillons de virus dans les grottes de chauve-souris et ce, avec une portée et une intensité beaucoup plus élevées que lors de ses tentatives précédentes.